Science Participative : Biodiversité de la zone mésophotique

Biodiversité de la zone mésophotique 

Notre collaboration croisée avec les différentes équipes s’oriente sur une collaboration avec de très nombreux scientifiques, français (de l’IMBE, AMU Marseille ; duMuséum National d’Histoire naturelle, MNHN Paris) et étrangers, et, dans un avenir proche et dans le cadre plus formel, de deux autres programmes : le projet MesoMay de Th. Mulochau (avec le soutien de la DEAL de Mayotte, du Parc Naturel Marin de Mayotte) et le programme « Mecoma » du Prof. M. Pichon et ses collaborateurs.

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Monsieur Mulochau, pouvez-vous nous parler du projet MesoMay ?

Th. Mulochau 

Ce n’est plus un projet, mais un programme… ! Depuis de nombreuses années, avec Patrick Durville nous prospectons la zone située en bas des pentes coralliennes afin de décrire cette zone et de faire des inventaires faunistiques. Le projet MesoMay est donc dans la continuité de nos travaux et a pour but d’explorer la zone mésophotique située entre 50 et 150 m de profondeur en bas des pentes des récifs de Mayotte afin d’y réaliser un premier inventaire faunistique non exhaustif.

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Une macro photographie faisant ressortir les détails de cette petite crevette qui ne mesure pas plus de 2 centimètres de long. Photo prise à 70 mètres de profondeur.


Pourquoi avez-vous choisi la zone mésophotique?

Th. Mulochau

Les zones récifales situées entre 0 et 30 m commencent à être bien décrites et la faune et la flore relativement bien inventoriées. Les récifs coralliens sont d’une richesse faunistique incroyable et de nombreuses espèces restent encore à découvrir. La zone mésophotique, située aux pieds des récifs, est très peu étudiée et son exploration ne fait que débuter avec de nombreuses espèces à découvrir mais également des espèces venant de profondeurs moins et plus importantes. L’exploration de cette zone a longtemps été limitée en raison des contraintes liées à la plongée à l’air.

A ce jour, où en est-on de ce programme ?

Th. Mulochau 

Ce programme a débuté le 1 novembre 2018 et va s’étendre sur l’ensemble de l’année2019. La première phase consiste à prospecter certains sites en photographiant les différent espèces rencontrées afin de faire un premier inventaire. La seconde phase du projet complétera cette première liste en réalisant des prélèvements des organismes qui ne peuvent pas être déterminés à partir des photos. Les espèces collectées seront mises en collection au Muséum National d’Histoire Naturelle après avoir été déterminées.

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Avez-vous pu référencer de nouvelles espèces par le biais de nos photos ?

Th. Mulochau

MesoMay ne fait que débuter mais plusieurs espèces de poissons ont déjà été listées comme nouvelles pour Mayotte. Certaines espèces de crustacés pourraient être nouvelles pour la science mais cela nécessite de réaliser des prélèvements pour pouvoir les décrire et valider ou pas ces nouvelles espèces.

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Cette Galatheidae du corail mou n’est pas encore identifiée par les spécialistes. Peut-etre une nouvelle SP? Difficile à dire à ce stade. Ce qui est certain c’est qu’elle est rarement photographiée.

Lors de mes plongées, j’ai pu photographier certains poissons à une profondeur bien plus importante que ce qu’il est décrit dans les livres spécialisés. Comme par exemple une murène ruban (Rhinomuraena quaesita) photographiée à 92 mètres de profondeur alors qu’elle est mentionnée seulement à 60 mètres de profondeur maximal, le poisson ange à demi-cercle (Pomacanthus semicirculatus ) photographié à plus de 120 mètres de profondeur et dont la profondeur d’évolution maximal serait de 40 mètres, ou bien encore le poisson fantôme délicat (Solenostomus leptosoma) photographié à 95 mètres de profondeur alors que lui aussi a une profondeur maximal thérique de 40 mètres.

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Poisson fantôme Délicat photographié à 95 mètres de profondeur alors qu’il est sensé vivre jusqu’à une profondeur maximale de 40 mètres.

Pensez-vous qu’il existe un grand nombre d’espèces qui pourraient être dans ce cas ?

Th. Mulochau

C’est l’intérêt scientifique de réaliser des plongées dans un milieu très peu exploré, de nombreuses espèces évoluent vraisemblablement en bas des pentes récifales à des profondeurs où elles n’ont jamais été observées, notamment pour les poissons, les échinodermes, les mollusques, les crustacés,…

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Close up de ce crabe araignée (Chirostylus) pour l’heure pas encore totalement identifié. Une nouvelle espèce référencé à Mayotte. En effet, jusqu’a présent elle était inconnu dans la région.


Monsieur Pichon, lors de nos nombreux échanges, vous nous avez parlé de vos recherches et du fait que la zone mésophotique pourrait être ou devenir une zone « refuge » pour les espèces récifales souffrant des changements climatiques. Pouvez-vous nous préciser les postulats de votre thèse ?

Prof. M. Pichon

Les récifs coralliens superficiels (0-30/40 m) sont de plus en plus fortement affectés par divers types d’impacts (anthropiques ou « naturels ») tels que les changements climatiques, conduisant par exemple aux phénomènes de blanchissement coralliens (et mortalité associée), de plus en plus sévères et fréquents. En revanche, les peuplements coralliens mésophotiques, situés plus profondément, et plus loin des côtes sont davantage protégés de la plupart des types d’impact affectant les eaux superficielles et auraient donc des chances plus importantes de survie .Il a été aussi suggéré que ces peuplements coralliens mésophotiques, pourraient servir de « pépinières »(en fournissant des larves)permettant de repeupler ou reconstituer les récifs superficiels dévastés. Il ya bien sûr de nombreux aspects de la biologie des milieux coralliens mésophotiques à élucider pour évaluer la validité de ces hypothèses, et ce sont les thèmes de recherche que nous abordons actuellement. Et le fond du problème a été remarquablement exprimé dans la formule certes un peu lapidaire, mais ô combien évocatrice « Les Ecosystèmes coralliens mésophotiques: Un radeau de sauvetage pour les récifs coralliens ???

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Une « bataille » se livre dans l’obscurité des profondeurs. Deux espèces de corail vivant à plus de 70 mètres de profondeur s’affrontent pour gagner du terrain.

Vous avez déjà identifié sur nos photos certains coraux (notamment Pachyseris, Leptoseris fragilis et Echinophyllia), objets de vos recherches, pouvez-vous nous en dire plus et ce qui en fait un intérêt particulier ?

Prof. M. Pichon 

Les espèces des genres Leptoseris et Echinophyllia sont connues pour être présentes dans les milieux mésophotiques, et notamment la zone mésophotique inférieure. Leur présence à Mayotte est donc comme une « signature » prouvant l’existence d’écosystèmes coralliens mésophotiques (Elles deviennent dominantes du fait de la disparition, par manque de lumière notamment, des autres espèces de scléractiniaires) A noter qu’on peut les trouver également, mais pas en grande abondance, à faible profondeur. Il en est de même à moindre degré pour Pachyseris, lequel « descend » moins profondément que les 2genres précités, mais peut être remarquablement abondant jusqu’à 80-90 m et ce genre présente l’avantage d’une identification facile de ses différentes espèces, d’autant qu’une seule, P. speciosa est rencontrée dans les milieux coralliens mésophotiques. L’intérêt de ces espèces ayant une grande répartition bathymétrique réside dans le fait que par comparaisons entre échantillons superficiels et profonds, on peut tenter d’élucider les mécanismes permettant d’expliquer leur capacité à s’être adapté et à se maintenir dans les conditions particulières régissant les milieux mésophotiques.

Prof. B.A. Thomassin

 Mais d’autres espèces de coraux ahermatypiques ont aussi été déjà déterminées, sur les récoltes de la campagne « Benthédi » d’avril 1977 et sur vos photographies, telles Madracis hellana( par H. Zibrowius) ou des éponges calcaires Pharétronides (parJ. Vacelet). Car vos observations des communautés mésotrophiques ont déjà été récoltées, à l’aveugle, lors de faubertages et dragages à roches lors de campagnes océanographiques précédentes, et encore plus récemment lors de la campagne « Biomaglo : Exploration et Etude de la Biodiversité benthique profonde de Mayotte et des îlesGlorieuses» de l’IRD, des TAAF et du MNHN Paris.

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C’est un décor peu commum que nous rencontrons à 93 mètres de profondeur. Sur la partie supérieur du 3 ème tombant, une succession de corail fouet de différentes couleurs jalonne le chemin du retour.


Suite de l'article : Géologie : Les fondations du lagon, un témoigne du passé révélé

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Petites bête de la zone mésophotique
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