Comment réussir une photo de contre jour en photo sous marine
Apprendre à gérer le contre-jour en photo sous-marine !
De manière générale, les photos en contre-jour sont techniquement plus difficiles à réaliser qu’une photo d’ambiance avec seulement le bleu profond de la colonne d’eau. Cette difficulté est due à la grande dynamique que nous impose la scène. C’est d’autant plus vrai si le soleil est bien présent dans la composition que vous avez choisie.
Mise en valeur du soleil
Dans la mesure où vous décidez d’intégrer le soleil dans votre composition, celui-ci se doit être mis en avant et valorisé à sa juste valeur !!!! Pour que cet astre ne soit plus un désastre, car aussi magnifique qu’il soit, il n’a que trop souffert d’une mauvaise exposition, d’un halo disgracieux à son contour, ou tout simplement d’un mauvais traitement !!! Il est grand temps d’y remédier, pour que plus jamais le soleil ne soit sacrifié à votre premier plan.
Eviter l’improvisation totale
Une photo en contre-jour ne s’improvise pas !!!!
A l’inverse d’une photo prise à la volée, il faut réfléchir :
à la composition
au placement du soleil par rapport au premier plan
aux différents réglages (triangles d’exposition : ouvertures, vitesse, iso).
En effet, je considère le soleil comme un sujet à part entière qui doit être traité en tant que tel. Cela veut dire qu’il faut attacher autant d’importance à votre premier plan qu’au soleil. Personnellement, même si j’ai un premier plan de folie, parfaitement composé et exposé aux petits oignons je considérerai la comme « perdue » si j’ai mal géré la notion « soleil ». En outre, la notion la plus importante en contre-jour n’est pas tant le soleil en lui-même, mais plutôt la gestion de son contour. En effet le soleil en lui-même sera forcément surexposé, pour ne pas dire cramé (oui oui c’est le soleil). Le véritable challenge réside donc dans la transition du soleil vers le bleu. Une bonne gestion de cette transition fera la réussite de votre photo (du moins pour ce qui en est du soleil).
Comment éviter de « cramer » le soleil ?
Quel sont les exifs à avoir, les techniques et les astuces à adopter ? Pour cela nous allons aborder différents sujets comme par exemple :
les réglages d’une photo en contre-jour
la composition
les différents rendus possibles
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et pour finir la cerise sur le gâteau : un tuto sur le post traitement.
Avant tout, je tiens à préciser le principal facteur de réussite d’une photo en contre-jour : c’est bien évidement La Chance !!!
Un exemple avec cette photo :
Comment ai-je réalisé cette photo ?
J’étais à 35 m de profondeur, tranquillement en train de photographier ce beau soleil avec son magnifique dégradé de bleu quand soudain…. BIM, un banc d’une centaine de requins marteaux vient s’interposer entre lui et moi !!!! Alors que je n’avais pourtant rien demandé ! Franchement ils ne manquent pas d’air ceux-là.
Quoi, vous y avez cru ? Nooooooon et vous avez bien raison. Cela ne fonctionne pas comme ça !
La chance n’a rien à voir dans cette histoire!!!
D’ailleurs, bien souvent la chance n’a pas beaucoup de place en photo, et encore moins avec les contre-jours. Et c’est même tout l’inverse. L’anticipation est déterminante !!!
Sur des sujets immobiles, on a le temps de voir venir les choses, de se poser et de peaufiner ses réglages. Mais sur des sujets mobiles, comme en pleine eau avec des animaux pélagiques par exemple, c’est une tout autre histoire. Comme bien souvent en plongée d’exploration, dans l’attente d’un sujet qui passerait à portée de vos flashs, les réglages de base de votre appareil photo sont faits pour une exposition d’un sujet dans le bleu. C’est-à-dire avec un arrière-plan légèrement sous-exposé pour avoir un bleu bien dense.
Cependant ces réglages sont rarement valables pour une photo en contre-jour. C’est évident, la luminosité des deux scènes est fortement différente. Ce fut exactement le cas quand j’ai pris cette photo des requins marteaux.
Nous descendions à une profondeur cible de 50m, dans le bleu profond. Soudain j’entends Olivier, mon binôme, faire des grands bruits. Il me montre à notre gauche, à environ 30 mètres de nous et légèrement en hauteur, un énorme banc de requins marteaux sortant du bleu et nageant parallèlement à nous. La photo du contre-jour était déjà imaginée sans réfléchir bien longtemps. Pendant que je palmais le plus vite possible dans leur direction, je tournais les molettes, pianotais sur les touches de mon caisson et de mes flashs dans le seul but d’avoir les réglages optimum au moment où je passerai en dessous du banc, le soleil en plein dans le cadre. L’expérience et la pratique sont fondamentales pour progresser !!!
Sans cette anticipation, cette photo n’aurait jamais pu être réalisée. Cela est bien sur valable pour d’autres situations.
A la prise de vue, les réglages
Il ne faudra pas se louper à l’instant T.
Autant il est possible de « sauver les meubles » avec une photo sous-exposée, autant quand c’est cramé …. Ben c’est cramé !!!!
Aussi, le principal challenge d’une photo en contre-jour consiste à éviter de brûler le soleil, et notamment son contour. En effet le soleil en lui-même…. C’est le soleil ! On ne peut pas le regarder sans filtre à l’œil nu. Il est donc normal que son éclat soit important. Enfin, tout dépend de la profondeur où l’on se trouve. Même avec une excellente visibilité, passé les 30 mètres de profondeur, son éclat et sa luminosité diminuent fortement. Les rayons qui transpercent l’eau dans la zone des 10 mètres n’existent plus depuis déjà longtemps.
On en déduit que le rendu ne sera pas le même suivant la visibilité et la profondeur.
Venons-en aux réglages !
En fait, il n’y a pas 50 solutions pour éviter de brûler la zone qui entoure le soleil.
Il faut sous-exposer, tout simplement !!!!
Je dirais même qu’il faut sous-exposer exagérément … Mais attention, pas n’importe comment ! Et oui, c’est bien beau de coller le curseur d’exposition complètement à gauche, tellement à gauche que même le posemètre de votre appareil photo ne saura plus où il en est ! Cependant … encore faut-il le faire de la bonne manière. Pour sous-exposer correctement une photo, la première chose à faire est de baisser la sensibilité du capteur (les iso).
J’utilise une valeur comprise entre 100 et 200 iso quand je suis dans une profondeur comprise entre la surface et 15 m de fond.
Il y a deux raisons qui expliquent ce choix :
la scène est très lumineuse donc le capteur n’a pas besoin d’avoir une grande sensibilité.
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il sera plus facile de récupérer des informations dans les zones sombres sans avoir trop de bruit (les dernières générations de capteur ne produisent presque pas de bruit à ces valeurs). Plus profond, vers les 30 mètres par exemple, je peux utiliser des valeurs comme 250 iso ou même 320 iso selon la visibilité.
L’ ouverture :
La seconde valeur sur laquelle il faut intervenir est l’ouverture.
Il ne faut pas hésiter à fermer. Personnellement, je ne me pose pas de question: si je suis dans 10 à 15 m de fond dans une eau claire, je ferme entre f16 et f22.
Attention : bien que le soleil doit être considéré comme un sujet à part entière, la mise au point doit cependant se faire sur votre premier plan.
Pour la vitesse d’obturation, elle doit varier entre 1/100 (la vitesse passe partout) et 1/200. La vitesse est la dernière valeur à ajuster après la sensibilité et l’ouverture.
Savoir gérer l’exposition du soleil et du premier plan !
Iso 100 ; f22 ; 1/100 , le curseur d’exposition est complètement à gauche.
Même avec le soleil dans le cadre, vous êtes sous-exposé entre -3 IL et -5 IL suivant les conditions.
Sans flash, votre premier plan est totalement bouché. Pour ne pas dire dans le noir complet. Il va donc falloir ramener de la lumière avec les flashs sous-marins.
Ce premier plan doit être correctement composé mais aussi bien exposé. Le dosage de la puissance des flashs sous-marins ainsi que leurs orientations seront donc déterminants.
C’est l’un des gros challenges de la photo sous-marine en grand angle : Savoir composer avec la lumière naturelle et la lumière artificielle.
Vous devrez trouvez un bon équilibre pour que les deux sources de lumières soient harmonieuses, sans pour autant que l’une des deux prédomine sur l’autre. La puissance des flashs dépendra de la distance entre votre premier plan et votre appareil photo.
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Si votre sujet est très proche, à presque toucher votre dôme, une puissance comprise entre ¼ et ½ suffira. En revanche-t-il faudra porter une attention particulière au positionnement des flashs.
Si le sujet est un peu éloigné, à plus d’un mètre de distance par exemple, il ne faudra pas vous poser de question, réglez les flashs à leur puissance maximale (pour les contre-jours, un flash puissant est très appréciable).
Les réglages que je viens de citer sont valables pour une grande majorité des photos sous-marine en contre-jour.
Cela ne veut pas dire qu’ils conviennent à toutes les situations. Il faudra vous adapter à chaque condition.
Voyez cette photo :
Les éxifs de ce cliché sont 1/100 ; f10 ; iso 250.
J’étais à environ 20 mètres de profondeur quand j’ai pris cette photo, mais la visibilité était vraiment très médiocre. De fait, l’ambiance était suffisamment sombre pour que le soleil ait du mal à traverser l’eau chargée en particules. Dans ce cas-là, pas besoin de fermer le diaphragme plus que cela. J’ai juste modifié les iso de 400 à 250.
La composition d’une photo en contre-jour : bien exposer le 1er plan
Comme dit en introduction, le soleil doit être considéré comme un sujet à part entière. Sa position dans votre composition en est tout aussi importante. Il est parfois difficile de trouver le bon placement, d’autant que les obstacles naturels nous empêchant de nous positionner à notre guise sont nombreux.
Pour ce faire, les objectifs ultra grand angles seront plus que nécessaire. Je pense bien entendu au fisheyes, ou aux focales courtes genre 16 mm voir encore plus « wild » !!!
Il faudra jouer d’imagination pour parvenir à trouver une bonne composition.
Le placement du soleil par rapport au sujet du premier plan doit être cohérent
La lecture de l’image doit naturellement nous amenez du sujet vers le soleil.
Si, malgré tout, la luminosité du soleil est trop forte, cherchez à le cacher en partie avec un élément du récif comme sur cette image :
Ou comme ceci :
Un sujet mobile peut faire l’affaire comme par exemple cette raie manta photographié sans flash :
Ou encore cette tortue verte en guise pastille anti « soleil cramé » :
Les différents rendus du soleil en photo subaquatique :
Le rendu du soleil varie suivant une multitude de facteurs naturels impossibles à maîtriser.
Il faut donc juger de ces conditions pour savoir si oui ou non une photo en contre-jour est possible au cours de la plongée.
Si certaines de ces conditions sont réunies, il ne faut pas hésiter à en profiter et à anticiper les futures prises de vues.
Récapitulons les clefs de la réussite à la prise de vue :
Pour être réussie, une photo en contre jour doit :
être sous exposée
avoir un Dôme/hublot propre
avoir une bonne orientation de ses flashs
être bien composée
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avoir une optique de qualité
Le rendu du soleil varie suivant plusieurs facteurs, Voici une liste non exhaustive :
La profondeur
La visibilité
La couverture nuageuse
L’heure
L’inclinaison
L’objectif
Les éxifs
Le post-traitement
Vous l’aurez compris, il existe une multitude de facteurs qui influent sur le rendu du soleil. On peut jouer avec certains, et en subir d’autres.
Gardez bien en tête qu’en photo, les choses les plus importantes ne sont pas les difficultés imposées mais plutôt les possibilités qui nous permettent de tirer le meilleur parti du moment présent. Pour cela, une bonne connaissance technique est impérative.
Cependant … cela ne suffit pas, il faut aussi un peu d’expérience (qui se traduit par le nombre de clic droit + corbeille de chacun). Et oui, nous sommes tous passés par là à un moment donné. Le meilleur des apprentissages c’est la pratique.
C’est l’expérience du terrain qui vous permettra d’évaluer la situation et de faire les bons choix au bon moment.
Christian Duchambon
Tout d'abord merci pour ces tutos très instructifs et très bien fait.
J'aimerai savoir qu'elle devrait être la position des flashs pour executer une photo face au soleil, et leur puissance .
Merci