
Mayotte
Plongez dans l’un des plus beaux lagons du monde !!!
Mayotte, une île d’origine volcanique faisant partie de l’archipel des Comores composé de quatre îles : Grande Comores, Mohéli, Anjouan et Mayotte. Etant la plus au Sud de ses cousines, la position géographique de Mayotte la situe à l’entrée du canal du Mozambique, ce qui lui confère quelques particularités. Les premiers habitants de l’île furent les Arabes venus d’Afrique vers le Xème siècle. Ils l’ont baptisée « Maouti », mot qui évoque la Mort. Ils donnèrent ce nom à l’île car son accès était très dangereux pour les navires de l’époque. Seuls ces premiers habitants connaissaient les passes qui permettaient de franchir la barrière de corail qui entoure l’île tandis que les navires rivaux s’échouaient et se fracassaient contre le récif. Plus tard, avec la venue des Français Maouti devient Mayotte. L’étymologie du nom de cette île fait référence à son extraordinaire récif qui forme l’un des plus grands et beaux lagons du monde. Et c’est bien de ce lagon qu’il est question dans cet article. Il y a tant à dire à son sujet, et tant encore à découvrir. Avec une superficie de 1100 km2, une barrière longue de 160 km, il est le 3ème plus grand lagon fermé du monde, après celui de la Nouvelle Calédonie et de Rangiroa dans le Pacifique. Le lagon de Mayotte comprend 12 passes dont l’une des plus connue est la passe en S. Possédant une double barrière de corail, plus de 700 hectares de mangrove, d’innombrables ilots et bancs de sable dispersés en son sein, le lagon de Mayotte est sans conteste un bijou de biodiversité inestimable, regroupant plusieurs biotopes relativement bien préservés, à l’heure ou le fléau mondial du déclin de la biodiversité bat son plein.

Coucher de soleil photographié au nord de Mayotte avec une vue sur le lagon et l’ilot M’Tsamboro.
Retrouvez l'intégralité de mes photos de Mayotte en Haute définition dans la galerie : Photo de l’ile au lagon
Les nombreuses particularités uniques du lagon de Mayotte, comme le fait qu’il soit l’un des rares lagons fermés du monde, possédant une double barrière de corail (fait extrêmement rare, seulement 2 ou 3 endroits dans le monde ont cette configuration) et avec ses dimensions gigantesques, en font un trésor de biodiversité à la fois terrestre et sous-marin.

La pointe d’Andrema, à l’extreme nord de l’ile de Mayotte.
Un peu de géologie :
Tout commence il y a environ 8 millions d’années. A cette époque, l’île de Mayotte n’existe pas encore. Mais un volcan perce la croute du plancher océanique. C’est ce que l’on appelle un point chaud. Le même qui a créé toutes les îles qui composent l’archipel de Comores. C’est actuellement l’endroit où se trouve Grande Comores, avec son volcan encore actif : le Cartala.
Ce point chaud reste immobile tandis que les plaques tectoniques sont en perpétuel mouvement. C’est la raison pour laquelle l’archipel est une succession d’îles volcaniques alignées sur un même axe. 4 millions d’années plus tard, les premiers volcans de Mayotte sortent de l’eau ; les premiers volcans car ils sont deux. L’un se forme dans la partie septentrional et l’autre dans la partie centrale et méridionale. C’est deux volcans ne seront plus alimentés en magma et vont commencer à s’éroder au fil du temps. A l’époque, le point culminant de l’île étant haut de plusieurs milliers de mètres. L’île de Mayotte avait, à cette époque, à peu près la même configuration que l’île de La Réunion telle que nous la connaissons actuellement. 2 millions d’années plus tard, sous l’effet de l’érosion et de l’enfoncement de l’île, les premières formations récifales commencent à se construire sur le contour de l’île. Ce contour est représenté aujourd’hui par la barrière de corail qui entoure Mayotte. L’île continue toujours de s’enfoncer dans l’océan indien, mais les coraux, tels de grands bâtisseurs, créent inlassablement de nouvelles structures coralliennes qui permettent à la barrière récifales de maintenir son niveau proche de la surface. Voici comment est né le lagon de Mayotte, il y a environ deux millions d’années.
Entre temps, un autre système volcanique se met en place. Cette formation va créer Petite Terre.

Le Lac Dziani, sur Petite Terre, se trouve dans un ancien cratère.
C’est la dernière activité volcanique de l’île qui prit fin il y environ 100 000 ans.
Sans compter Grande Terre et Petite Terre, le lagon abrite 23 ilots (Chissioua en maoré) inhabités et quelques bancs de sable qui sont immergés à marée haute.

Envole de Noddy Brun sur l’ilot de sable blanc à Mayotte.
Chaque ilot est en quelque sorte un mini hot spot concentrateur de vie autour de lui. Seul le plus gros, M’Tsamboro est semi habité et cultivé ; les autres sont des havres de paix pour les oiseaux marins et les nombreuses roussettes.

Un coucher de soleil dans le nord de l’ile. Au premier plan, les cocotiers et une rousette, au second plan, les ilors Choisil.
D’autres biotopes du lagon sont aussi des concentrateurs de vie. Ce sont les mangroves.

C’est les pieds dans l’eau que j’ai photographié cette mangrove quand le soleil était tout proche de l’horizon.
Dispersées tout autour de l’île, on en dénombre un peu plus de 700 hectare.
Outre le fait d’être des hots spot de vie, la mangrove fait aussi office de protection. En effet, elle protège le lagon de l’érosion de l’île en emprisonnant dans ses racines les sédiments venus des terres charriées par la pluie. Et inversement, elle empêche l’érosion du littoral en créant une barrière naturelle contre les vagues. En plus du fait d’être une nurserie pour tous les petits poissons, son rôle très important pour le bon développement de l’écosystème du lagon est primordial.

C’est les pieds dans l’eau que ce palétuvier contemple les magnifiques couleurs de ce coucher de soleil.
Les plongées à Mayotte:

Un jardin de corail en bonne santé, une explosion de vie et de couleur.
Avec cette incroyable superficie de 1100 km2, vous vous doutez bien que le terrain de jeu pour les plongeurs est exceptionnel. D’autant plus que le nombre de plongeurs est relativement limité comparé à d’autres destinations plongées ultra fréquentées. Souvent absente des destinations proposées par les agences de voyages spécialisées dans la plongée sous-marine, l’île de Mayotte demeure encore préservée d’un tourisme de plongée de masse.
L’île comprend en tout et pour tout 8 centres de plongées :
Deux centres basés sur Petite Terre : Nyamba Club et Mayotte Océan.
Deux centres basés à Mamoudzou : Nautilus Plongée et Hyppocampe Plongée
Un centre à l’Est de l’île à côté de l’hôtel Sakouli: Joly Roger
Deux centres au Sud de l’île : Le Lagon Maoré et Abalone Plongée
Un centre au Nord de l’île : Happy Diver
Les clubs de plongée de Petite Terre, de Mamoudzou et de l’Est de l’île sortent quotidiennement et essentiellement sur la passe en S. Les centres du Sud de l’île sortent plonger en dérivante tous les matins sur l’une des trois passes du Sud : Passe Bateau, Passe Boueni et Passe Sada. L’après-midi, les plongées ont lieu à l’intérieur du lagon, sur les récifs isolés. Le centre du Nord, quant à lui, plonge sur les passes du Nord ou sur l’un des nombreux récifs qui se trouve à l’intérieur du lagon.
Les passes :
Le lagon comprend 12 passes. Certaines sont quotidiennement plongées, d’autres un peu moins et quelques-unes pas du tout.
La passe en S :

Son tracé d’un bleu marine profond en forme de S sillonne le bleu turquoise de la barrière de corail.
C’est la plus connue et la plus emblématique passe de l’île. Elle se situe à l’Est de l’île, à environ 20 minutes de navigation de Mamoudzou ou de Petite Terre.
La passe de Longogori, communément nommé passe en S est un hot spot pour la plongée à Mayotte. Classée réserve intégrale de pêche depuis 1990, ce lieu doit sa forme si caractéristique à un phénomène géologique. Long d’environ 4 km, profond de 75 mètres ces deux virages à 90 degrés sont le résultat de l’ancien lit d’une rivière qui sillonnait le platier en des temps où celui-ci était émergé.

Un poisson clown dans son anémone bleu.
La passe est le prolongement du lit des rivières actuelles situées en amont telles que Majimbini, Gouloue et Kwale. La zone est équipée par le Parc Naturel Marin de 18 bouées d’amarrage qui sont autant de sites de plongée ; une gigantesque aire de jeux pour les plongeurs que nous sommes. Ainsi, suivant les vents ou les courants, il y a toujours un lieu propice à la plongée du jour !

Un petit crabe des crÏnoides qui en fin de compte est une femelle avec des oeufs.
La passe en S se caractérise par une richesse écologique exceptionnelle, liée à la présence de milieux marins très diversifiés. Ainsi, un large éventail de paysages (failles, cheminées, dunes de sable, patates de corail, tombants, …) permet l’observation de nombreuses espèces sous-marines : gros mérous, perroquets à bosse, requins gris, raies, tortues, nudibranches, poissons feuille, poissons pierre, poissons fantôme… Et avec un peu de chance, le dugong, la sirène du lagon maoré !

Les forts courants entrants en marée montante et sortants en marrée descendantes concentrent énormément de vie autour de ses tombants. Il n’est donc pas rare de croiser des bancs de caranges ou de barracudas ; aussi, il n’est pas rare de croiser des requins de récif dagsit ou obésus.

Un requin gris de récif, ou requin dagsit photographié non loin de la passe en S de Mayotte.
Sur chaque spot, différentes plongées sont possibles. En effet, la morphologie de la passe en S permet de faire du baptême à la plongée profonde en ayant des ambiances et des particularités différentes quel que soit la profondeur d’évolution.

Une photo prise sur lez bord du tombant de la passe en S, à une profondeur de 6 mètres.
La passe bateau :

Un plongeur au palier au bord du tombant de passe bateau sud.
C’est la passe du Sud la plus réputée. Avec ces deux autres sœurs, la passe Bouenie et la passe Sada, la passe bateau située au Sud-Ouest de l’île se situe à l’endroit où la barrière de corail est la plus éloignée de l’île. Il y a donc plus de 10 km de navigation à effectuer depuis le rivage avant d’arriver sur le site.
Contrairement à la passe en S, il n’y a pas de bouées matérialisant les spots. Les plongées sur la passe bateau, comme sur toutes les autres passes du Sud se font exclusivement en dérivante.
On distingue deux principaux spots qui sont en réalité les deux flancs de la passe : Bateau Sud et Bateau Nord.
Versant sud
Nous trouvons sur ce site une belle verticalité très marquée depuis le bord du platier à environ 5 mètres jusqu’à 35 mètres riches en éponges, coraux durs tels que les tubastreas ainsi que de nombreux octocoralliaires jusqu’à 15 mètres et de belles gorgones.

Une vue sur le récif longeant la passe bateau sud à 6 mètres de profondeur.
Dans la zone des 15 mètres, le tombant est marqué par une succession de larges alcôves où nous pouvons observer outres les nombreuses crevettes entourant les murènes, beaucoup de petite faune telle que nudibranches, vers plats, sans oublier les poissons plus mimétiques comme les poissons scorpion ou poissons feuille. Plus bas, de 30 à 35 mètres, de profonds surplombs où il n’est pas rare d’observer des raies pastenagues sur le fond sableux.

Puis nous trouvons un léger dévers menant à environ 40 mètres à un grand plateau sableux au dessus duquel, un banc de petits barracudas en très grand nombre se trouve en fonction du courant. Cette plongées réserve quelques surprises, la grotte 16/9, cavité percée dans le mur à environ 26 mètres dont l’entrée large de 4 mètres et haute de 1,5 mètre s’ouvre sur une large salle dans le récif. Par fort courant, il est déconseillé de négliger d’observer le bleu où quelques espèces pélagiques, comme le requin gris de récif, peuvent nous faire l’honneur de leur curiosité. C’est aussi sur ce site, qu’à la saison, par courant favorable, nous pouvons observer les raies mantas du genre alfredi se nourrir de planctons sous la surface.
Versant Nord
Sur ce site, quelques soit le courant dans la passe, nous commençons toujours par la pente externe. Nous y trouvons un premier tombant, plan incliné très marqué menant à environ 35 mètres à une plage sableuse parsemée d’ilots de vie coralliens rassemblant les poissons et autres petits crustacés.

Une photo montrant la biodiversitée de la vie récifale. Au premier plan, nous pouvons voir une anémone collante avec une crevette queue de Paon.
Cette marche de sable large d’une cinquantaine de mètres descend doucement jusqu’à la profondeur de 45 mètres où nous trouvons un second tombant très vertical menant à des profondeurs réservées aux plongeurs spécialisés en plongée trimix. Cette partie externe de la barrière se distingue par la quantité de poissons que nous pouvons y rencontrer, des bancs de lutjans et diagrammes orientaux sur les pointes verticales du premier tombant aux carangues et autres espèces pélagiques en bordure du second colonisé par de nombreuses éponges barriques et gorgones sans oublier les raies pastenagues et le tapis d’hétérocongres sur la marche sableuse.

Plonger sur la bordure du second tombant peut être une opportunité d’observer quelques requins, requins corail ou gris de récif voir même des requins marteaux à la saison où les masses d’eaux fraiches remontent vers la surface. Lorsque que le courant est rentrant dans la passe, nous y cheminons alors dans un décor vallonné, tapissé de nombreux coraux mous menant au tombant interne de la barrière, coté lagon où nous finissons la plongée à la recherche de plus petits organismes vivant dans le corail.
La passe bouéni :