Éruption du 11 au 18 septembre 2016
Le jour de l’éruption, ce fameux dimanche matin, je partais faire un survol de l’Île de la Réunion avec mes amis de Corail Hélicoptère.
Sur le trajet, j’apprenais que le Piton de La Fournaise était rentré en éruption à peine une heure auparavant.
Un coup du destin? Peut être.
Moins de deux heures après de début de cette éruption, nous survolions la zone.
Mes impressions sont extraordinaires
La faille est grande, plusieurs centaines de mètres de longueur! Elle est très proche et parallèle de celle de l’éruption d’Août 2016.
Plusieurs cônes éruptifs sont déjà en formation, et les fontaines de laves montent à plus de 50 mètres de hauteur. Les coulées sont déjà très longues.
De retour à l’aéroport de Pierrefond, je ne perds pas de temps et rentre chez moi préparer mes affaires pour la randonnée nocturne qui m’attend.
Il est 18 heures quand j’arrive à la plaine des sables. C’est l’heure bleue!
Le ciel est magnifique et je suis impatient de découvrir l’éruption depuis le point de vue du Pas de Bellecombe.
Je marche, que dis-je, je cours depuis le parking Foc Foc avec mon sac à dos plus que chargé:
28 kg sur le dos, appareil photo, objectifs, trépied, masque a gaz, vêtements chaud, tente, nourriture……je me prépare à passer une bonne partie de la nuit au plus près de l’éruption.
Le meilleur moment
Ça y est, je la vois enfin. J’arrive au meilleur moment, juste avant la tombée de la nuit. Je sens déjà l’odeur du souffre qui me rappelle de très bon souvenirs. Dès le crépuscule achevé, j’entame la marche qui descend dans l’enclos Fouqué pour arriver dans la caldeira, ou quelques nuages s’invitent. Je suis désormais sur le sentier qui mène au cratère Kapor, de l’éruption de 1998. La marche est courte: Environs 45 minutes de faux plat descendant.
Le vol en hélicoptère du matin m’ayant servi à faire une reconnaissance je savais que ce sentier m’amènerait au plus près des bouches éruptives les plus actives. C’est essentiel pour faire une approche de nuit… et seul. Ca y est, le marquage blanc du sentier disparait sous les coulées du matin encore chaudes. Le vent est contre moi, je respire un air chaud chargé en souffre. Au contact des muqueuses, ce souffre se transforme en acide sulfurique, ce qui a pour effet de brûler ma gorge et mon nez. Le masque à gaz devient à ce moment indispensable. La coulée en graton devant moi fait environ deux mètres de hauteur. Je pourrais monter dessus pour m’approcher encore plus près mais je decide d’être prudent et remonte en longeant la coulée par la droite. Je m’arrête quelques minutes au endroits ou je vois des petites failles rougeoyantes pour faire quelques photos.
C’est un excellent premier plan qui donne du relief à la photo. En arrière plan, la ligne de faille et les fontaines de lave sont bien visibles.
Je bois beaucoup, l’acide sulfurique et la chaleur des coulées assèche ma gorge. Je ne sais pas si les 4 litres d’eau que j’ai prévu vont me suffire. Il est déjà 22 heure, cela fait maintenant 3 heures que je suis aux premières loges de cette magnifique éruption du Piton de La Fournaise. Je reste toujours autant fasciné par cet incroyable spectacle.
Pourtant ce n’est pas ma première éruption, mais devant tant de puissance, devant ce paysage apocalyptique avec le grandement du volcan, l’odeur, la chaleur, on ne peut qu’être admiratif. Je décide de monter encore plus haut en longeant la toute jeune coulée. Je fais attention car la ligne de faille remonte encore bien haut en amont et une nouvelle coulée peut arrivé à tout moment.